samedi 7 janvier 2012

Tekeli-li!

Le dernier chapitre de la campagne est un hommage à Lovecraft. Mais pas seulement.

Ainsi, l'étrange "tekeli-li" est tiré des Aventures d'Arthur Gordon Pym, publié par Edgar Poe en 1838. Dans ce livre épique, un jeune Américain explore l'île Tsalal, située au Pôle Sud. Le mot "tekeli-li" est très utilisé par les indigènes qui peuplent ce lieu. Il revient dans les dernières lignes du texte: "Les ténèbres s’étaient sensiblement épaissies et n’étaient plus tempérées que par la clarté des eaux, réfléchissant le rideau blanc tendu devant nous. Une foule d’oiseaux gigantesques, d’un blanc livide, s’envolaient incessamment de derrière le singulier voile, et leur cri était le sempiternel Tekeli-li! qu’ils poussaient en s’enfuyant devant nous."

L'oeuvre de Poe a marqué Jules Verne, qui en a carrément écrit la suite dans le Sphinx des glaces, en 1897. Liée à la couleur blanche, et aux indigènes de Tsalal, l'expression "Tekeli-li" revient sous sa plume. Comme ici: "Néanmoins, la Jane ayant été envahie, puis livrée aux flammes, ses défenseurs furent massacrés. Enfin se produisit une formidable explosion, lorsque les poudres prirent feu, – explosion qui détruisit un millier d’indigènes et en mutila autant, tandis que les autres s’enfuyaient, poussant le cri de tékélili !… tékéli-li !"

Enfin, notre cher Lovecraft se réfère également à Poe dans son meilleur texte, Les montagnes hallucinées (1931). Par exemple, lorsqu'il décrit un shoggoth: "Nous étions sur la voie même où la cauchemardesque colonne élastique exsudait devant elle la fétide et noire iridescence à travers son sinus de quinze pieds, prenant une vitesse invraisemblable et poussant devant elle un nuage ondoyant, de plus en plus épais, de pâle vapeur d’abîme. C’était une chose terrible, indescriptible, plus énorme qu’aucun train souterrain – une accumulation informe de bulles protoplasmiques, faiblement phosphorescente, couverte d’une myriade d’yeux éphémères, naissant et se défaisant comme des pustules de lumière verdâtre sur tout l’avant qui remplissait le tunnel et fonçait sur nous, écrasant les manchots affolés, en glissant sur le sol luisant qu’elle et ses pareils avaient balayé si férocement de toute poussière. Et toujours ce cri surnaturel, narquois: «Tekeli-li ! Tekeli-li!»

1 commentaire:

  1. Merci de nous avoir culturés...
    Irori sait à quel point nous en avons besoin.
    Nessa

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